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qui appartenait à un ami, Sandie Fletcher, de Castleton. Il est mort depuis longtemps, sans quoi, il pourrait vous en parler lui-même. Sandie nous héla.

« Qu’y a-t-il sur le Bass ? demanda-t-il.

— Sur le Bass ? dit mon grand-père.

— Oui ; sur le côté qui est gazonné ?

— De quoi voulez-vous parler ? reprit mon grand-père, il ne peut rien y avoir que les moutons sur le Bass.

— Cela ressemble à une forme humaine », observa Sandie qui était plus à portée que nous.

Une forme humaine ! et nous n’entendîmes pas cela avec plaisir, car nul bateau n’avait débarqué quelqu’un, et la clef de la prison était sous l’oreiller de mon père à la maison.

Les deux bateaux côte à côte, nous approchâmes un peu plus de l’îlot. Mon grand-père avait une lunette, car il avait été marin et capitaine d’un bateau de pêche qui s’était perdu sur les sables de la Tay. Quand, chacun à notre tour, nous eûmes pris les lunettes, nous vîmes un homme ; il était parmi les herbes un peu plus bas que la chapelle, et il sautait et dansait comme aux noces dansent les jeunes filles.

« C’est Tod, dit grand-père, et il passa la lunette à Sandie.

— Oui, c’est lui.

— Ou du moins quelqu’un qui lui ressemble.

— La différence n’est pas grande en tout cas, si elle existe, reprit Sandie. Mais, diable ou sorcier, je vais essayer d’un coup de fusil sur lui », et il saisit un mousquet qu’il avait toujours, car il était fin tireur.

« Attends, Sandie, il faut y voir plus clair ou cela pourrait nous coûter cher.

— Bah ! répondit Sandie, ce sera le jugement de Dieu ! et qu’il aille au diable !

— Peut-être oui et peut-être non, dit mon grand-père,