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j’aurais voulu les voir plus loin que le Jourdain et Jérusalem avant de leur prêter la main.

— Le maître de Lovat est un brave whig, dis-je avec ironie, et un grand presbytérien !

— Je ne sais rien de lui, répondit-il, je n’ai pas eu affaire à lui.

— Non, c’est avec Prestongrange que vous avez eu affaire.

— Ah, c’est ce que je ne dévoilerai pas, dit Andie.

— Inutile, puisque je le sais, fut ma réponse.

— Il y a toujours une chose dont vous pouvez être sûr, Sharos, c’est que je n’ai pas affaire à vous, quoique vous tentiez pour me séduire.

— Allons, Andie, je vois qu’il faut vous parler franchement », répondis-je. Et je lui narrai mon histoire, du moins les événements que je jugeais nécessaire de lui apprendre.

Il m’écouta avec un vif intérêt et, quand j’eus fini, il parut réfléchir.

« Sharos, me dit-il enfin, je veux jouer cartes sur table avec vous. Vos aventures sont étranges et à peine croyables telles que vous les contez, vous devez être dans l’erreur sur bien des points. Vous êtes, j’en suis sûr, un homme honorable, mais je suis vieux, moi, et je vois plus loin que vous dans une affaire ; une chose est claire pour vous comme pour moi, c’est qu’aucun mal ne vous arrivera si je vous garde ici, au contraire, je sais que vous en éprouverez du bien. Il n’y aura point de mal non plus pour la société — à peine un Highlander de pendu, — Dieu sait que c’est un bon débarras ! Mais si je consentais à vous laisser aller, cela me causerait un dommage considérable. Voyez, je vous parle en ami, et aussi comme un chef des whigs : il y a une chose certaine, c’est qu’il faut que vous restiez ici en compagnie d’Andie et des « fous ».