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Andie était un chèque sur la Banque pour une forte somme.

Il le prit, puis, le lut.

« C’est vrai, vous êtes riche, vous avez du foin dans vos bottes. » Et il me rendit le papier.

« Je pensais que cela pourrait modifier vos opinions, dis-je.

— Heu ! cela prouve que vous pouvez acheter, mais je ne suis pas de ceux qui se vendent.

— Nous verrons ; et d’abord, je vais vous prouver que je sais ce qu’il en est : vous avez ordre de me garder ici jusqu’après le jeudi 21 septembre. »

Je ne pouvais m’empêcher de voir la perfidie de cette combinaison, car le seul fait de ma réapparition juste le lendemain du procès jetterait un complet discrédit sur mon récit. Cette réflexion me poussait à la bataille.

« Voyons, Andie, lui dis-je, vous qui connaissez le monde, prêtez-moi attention et réfléchissez tout en écoutant. Je sais qu’il y a de grands personnages dans mon affaire et je ne mets pas en doute que vous ne connaissiez leurs noms. J’ai vu quelques-uns d’entre eux et j’ai pu leur dire la vérité en face. Mais quel est donc le crime que j’ai commis ? Et pourquoi ne me traduit-on pas légalement devant la justice ? Au lieu de cela, on me fait tomber, le 30 août, dans un guet-apens : trois aventuriers s’emparent de moi et me voilà transporté sur ce vieux rocher qui n’est plus une prison habitable et qui sert simplement d’abri au garde-chasse de Bass Rock. Je serai relâché le 23 septembre, tout aussi secrètement que j’ai été enlevé : pensez-vous que tout cela soit légal ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une basse intrigue à laquelle on est honteux d’être mêlé ?

— Je ne puis vous contredire, Sharos, cela a l’air en effet d’une affaire un peu louche, et si les chefs n’avaient pas été de vrais whigs et de véritables presbytériens,