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secours, en admettant que j’en eusse la pensée. Enfin, nous entendîmes de nouveau le bruit de la mer ; la lune éclairait un peu, je pus distinguer les trois tours et les bâtiments de Tantallon, cette vieille forteresse des Douglas rouges. Là, on s’arrêta, le cheval fut attaché au fond des fosses et je fus conduit dans la cour et, de là, dans le vestibule pavé de pierre du château. Mes gardiens firent du feu, car le froid était vif. On me rendit la liberté de mes mains et notre guide inconnu (un Lowlander) me donna du pain d’avoine et un verre d’eau-de-vie de France. Puis il me laissa seul avec mes trois gardiens qui se tinrent près du feu buvant et causant. Le vent soufflait par les brèches de la muraille, chassait les flammes et la fumée et sifflait dans le haut des tours ; j’entendais la mer battre les rochers. Rassuré sur ma vie, le corps brisé de fatigue, je me tournai sur le côté et m’endormis profondément.

Je ne sais à quelle heure je m’éveillai, la lune avait disparu et le feu était presque éteint. Je sentis que mes pieds étaient libres, deux hommes m’enlevèrent aussitôt et me portèrent à travers les ruines jusqu’à un bateau de pêche amarré dans la petite crique formée par le roc. Là, je fus embarqué et le canot s’éloigna de la rive à la lueur des étoiles.