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Highlanders ; bientôt, ils furent une vingtaine et Neil avait paru des premiers.

À chaque nouvel arrivant, on recommençait le même petit récit qui se terminait par des plaintes et des explications, mais j’observai qu’aucun des retardataires n’eut de part au butin. La dernière discussion fut très violente et je crus qu’ils allaient se battre, mais bientôt, ils se divisèrent, la plupart d’entre eux repartirent et prirent le chemin de l’Ouest ; trois seulement, Neil et deux autres, restèrent à la garde de leur prisonnier.

« Je connais quelqu’un qui ne sera pas satisfait de votre travail d’aujourd’hui, Neil Duncanson », lui dis-je quand les autres se furent éloignés.

Il m’assura pour toute réponse que je serais bien traité, car il savait que « la dame me connaissait ».

Ce fut là toute notre conversation et nul autre être ne parut tant que le soleil brilla à l’horizon. La nuit venue, j’eus conscience de l’arrivée d’un cavalier qui vint vers nous monté sur un cheval de ferme.

« Amis, cria-t-il, avez-vous un papier pareil à celui-ci ? »

Il en déploya un, Neil en produisit un second que le nouveau venu examina avec des lunettes de corne en disant que c’était bien nous qu’il cherchait ; il descendit alors et me hissa à sa place, mes pieds attachés sous le ventre de la bête. Nous partîmes aussitôt sous sa conduite. Il avait dû prendre ses mesures pour voyager sans risquer d’ennuyeuses rencontres, car le pays était absolument désert, à peine vîmes-nous deux êtres humains, un couple d’amoureux qui, nous prenant pour des contrebandiers, s’enfuirent en toute hâte.

Nous passâmes au pied de Berwick Law du côté sud ; puis nous traversâmes quelques collines dénudées et je vis la lumière d’un hameau et la vieille tour d’une église parmi les arbres, tout cela trop loin pour appeler au