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J’étais arrivé au pied de la berge, je me retournai, le canot approchait du brick et Alan agitait son mouchoir en signe d’adieu ; je répondis avec mon chapeau ; mon ami ne m’apparaissait plus que comme un point dans l’espace, je serrai les dents et je marchai droit devant moi pour escalader la dune. La côte était raide et le sable glissait sous les pieds, je parvins pourtant assez vite au sommet par un sentier herbeux.

Je n’eus pas à attendre ; plusieurs hommes se montrèrent aussitôt, six ou sept environ, chacun un sabre à la main.

À cette vue, je fermai les yeux et fis ma prière. Quand je les rouvris, ils étaient près de moi, silencieux, m’examinant de tous leurs yeux, ce qui me donna une étrange sensation de l’éclat de leurs regards et de la méfiance avec laquelle ils m’approchaient.

Je levai les mains en l’air ; alors, ils me demandèrent avec un fort accent des Highlands si je me rendais.

« Oui, répondis-je, mais en protestant, si vous savez ce que cela veut dire, ce dont je doute. »

À ces mots, ils se précipitèrent tous sur moi comme une volée d’oiseaux sur une bête morte, me saisirent, prirent mon épée et tout l’argent que j’avais, m’attachèrent les mains et les pieds avec des liens solides et me jetèrent sur une touffe d’herbes. Puis ils s’assirent autour de moi et me contemplèrent comme un être dangereux, un lion ou un tigre. Peu à peu cependant, cette attention silencieuse cessa, ils se rapprochèrent les uns des autres, se mirent à causer en gaélique et, très cyniquement, se partagèrent mes dépouilles. Pour me distraire pendant ce temps, je pouvais suivre de l’œil la fuite de mon ami. Je vis la chaloupe accoster le bateau, les voiles se gonfler et le brick disparaître derrière les îles par le North Berwick.

Pendant deux heures environ, il arriva d’autres