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balles, dit Alan, et je voudrais, mon ami, avoir votre sang-froid.

— Alan ! m’écriai-je, que dites-vous ? Vous êtes pétri de courage ! C’est votre nature même, comme je pourrais le prouver s’il en était besoin !

— Et vous seriez dans l’erreur. Ce qui fait illusion, c’est mon expérience et ma perspicacité, mais quant au courage, au sang-froid devant la mort, je ne suis pas digne de vous tenir la chandelle. Voyez : me voici ne pensant qu’à partir, et vous voilà (pour ce que j’en sais) décidé à rester. Croyez-vous que j’en serais capable ? Non : d’abord parce que je n’ai pas le courage qu’il faut, et puis parce que je suis un homme d’expérience et que je voudrais vous voir au diable plutôt qu’aux mains de ces gens-là.

— C’est là que vous en venez, m’écriai-je ; oh ! Alan, vous pouvez en imposer à de vieilles femmes, mais pas à moi ! »

Le souvenir de ma tentation dans le bois me rendait ferme comme un roc.

« J’ai promis à votre cousin Charles de revenir, continuai-je, j’ai donné ma parole.

— On tient sa parole quand on le peut ; vous allez y manquer tout de même à votre parole, et pour tout de bon, avec les gens qui vous guettent par là ! Et pour quoi faire ? continua-t-il avec une gravité menaçante, pouvez-vous le dire ? Va-t-on vous enlever comme lady Grange ? ou vous passer une lame dans le corps et vous enterrer dans le sable ? Ou bien, vont-ils vous enfermer comme James ? Peut-on se fier à ces gens-là ? Vous voulez donc vous jeter dans la gueule de Simon Fraser et des autres whigs ?…

— Alan ! criai-je, ce sont tous des fripons et des bandits, et là, je suis d’accord avec vous ; mais raison de plus pour qu’il se trouve un honnête homme dans le pays. Ma parole est donnée et je la tiendrai. Je l’ai dit