Page:Stevenson - Catriona.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Tenons conseil, dit-il, mais avant tout, profitez de cette leçon que je viens de vous donner. Supposez que j’aie agi comme vous, qu’aurait pensé de nous la vieille femme ? Et que pense-t-elle maintenant ? Elle pense à un beau et aimable voyageur qui a une maladie d’estomac et qui s’est intéressé aux souffrances de son beau-frère, David ! essayez donc d’avoir un peu d’intelligence !

— J’essaierai, Alan, dis-je.

— Et maintenant, que faire de cette tête rouge ? Allait-il vite ou lentement ?

— Entre les deux.

— Pas signe de hâte ?

— Pas le moindre.

— Hum ! C’est étrange,… nous n’avons rien vu ce matin, ils nous ont dépassés ; il n’a pas l’air de nous chercher et, pourtant, il est sur notre chemin. Attendez, David, je commence à avoir une idée. Je suppose que ce n’est pas vous qu’ils cherchent, mais moi ; et je crois qu’ils savent bien où ils vont.

— Ils savent ?… demandai-je.

— André Scongal m’a peut-être vendu, lui ou sa famille, qui connaissait quelque chose de l’affaire, ou bien le clerc de Charles, ce qui serait dommage aussi ; enfin, si vous me demandez quelle est ma conviction intime, je vous dirai qu’il y aura des têtes fendues sur le sable de Gillane.

— Alan ! m’écriai-je, si vous ne vous trompez pas, ils seront en nombre là-bas, et cela ne servira pas à grand’chose de fendre des têtes.

— C’est tout de même une satisfaction, mais attendez,… attendez,… je pense… Grâce à ce bon vent d’ouest, je pense que nous avons une dernière chance ! Prenons ce chemin, David. Je n’ai rendez-vous avec Scongal qu’à la nuit. « Mais, a-t-il dit, si je peux avoir un peu de vent