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pas, qu’un colonel a quelque chose de mieux à faire ? mais je n’ai rien à dire, moi qui compose des chansons.

— Eh bien alors, il vous reste à me donner votre adresse en France et, sitôt arrivé à Leyde, je vous enverrai la mienne.

— Voici l’adresse de mon capitaine, elle suffira : Charles Stewart of Ardshell esq., à Melun (Île-de-France). Votre lettre arrivera plus ou moins vite, mais elle me parviendra sûrement. »

Nous déjeunâmes à Musselburgh avec de bons merlans et je m’amusai beaucoup des discours d’Alan ; son pardessus et ses guêtres attiraient un peu l’attention par cette chaude matinée et une explication devenait utile ; Alan s’en acquitta à merveille, il engagea la conversation avec notre hôtesse par quelques compliments sur la cuisson des merlans ; le reste du temps, il l’entretint d’un froid qu’il avait eu sur l’estomac, relatant gravement tous les symptômes et écoutant avec le plus vif intérêt les conseils que la brave femme s’empressait de lui donner.

Nous quittâmes Musselburgh avant l’arrivée de la première voiture d’Édimbourg, car, comme le fit remarquer Alan, c’était là une rencontre inutile. Le vent n’était pas frais, le soleil chauffait dur et Alan commençait à souffrir en proportion.

De Prestonpans au champ de bataille de Gladsmuir, il se mit à me raconter les péripéties de ce combat et se fatigua ainsi plus qu’il n’était nécessaire. De là, nous marchâmes jusqu’à Cockenzie.

Bien que l’on y construisît alors des bateaux pour la pêche des harengs, cet endroit ressemblait à une ville déserte et abandonnée, on ne voyait que des maisons en ruine. Mais l’auberge était propre, et Alan, qui n’en pouvait plus, ne résista pas à la tentation d’une bouteille de bière. Il recommença aussitôt l’histoire du coup