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détail et il me combla d’éloges, jurant par moments que j’étais un rude lapin !

« Ainsi Simon Fraser vous a effrayé ? demanda-t-il.

— Oui, je l’avoue.

— J’aurais été comme vous, David, c’est vraiment un homme terrible. Mais il faut lui rendre justice tout de même, et je dois vous dire que sur un champ de bataille il n’y a rien à lui reprocher.

— Est-il donc brave ? demandai-je.

— Brave ! il l’est autant que mon épée ! »

Et cela lui rappela l’histoire de mon duel.

« Quand je pense à ce duel ! s’écria-t-il, je vous avais pourtant donné une leçon à Corrynakiegh. Et trois fois, trois fois désarmé ! C’est une tache à ma réputation, moi qui vous avais donné quelques principes ! Voyons, en place, tirez l’épée ; vous ne bougerez plus d’ici tant que vous ne pourrez pas me faire plus d’honneur !

— Alan, dis-je, c’est une folie, le moment est mal choisi pour une leçon d’escrime.

— Vous avez peut-être raison, répondit-il, mais trois fois désarmé, malheureux ! Et vous, ne bougeant pas plus qu’une statue, sauf pour aller ramasser votre épée comme un chien va ramasser un mouchoir ! David, ce Duncansby doit être un homme extraordinaire, il doit être très adroit… Si j’avais le temps de retourner, j’irais essayer quelques coups avec lui… C’est sans doute un prévôt ?

— Mais, mon pauvre ami, vous oubliez que c’est moi qu’il avait pour adversaire !

— Bon, dit-il ; mais trois fois !

— Vous savez bien que je ne suis qu’un ignorant en fait d’escrime ! m’écriai-je.

— C’est possible, mais je n’ai jamais rien vu de pareil.

— Je vous jure une chose, Alan : la prochaine fois que nous nous reverrons, j’aurai acquis l’adresse qui me manque. Vous n’aurez plus honte de votre ami.