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grand pardessus, mais, chose nouvelle, il avait mis de longues guêtres tricotées qui lui venaient au-dessus du genou. C’était sans aucun doute un déguisement prudent, mais le jour promettant d’être chaud : cela paraissait un peu hors de saison.

« Eh bien, David, dit-il, voici une belle matinée, une journée qui s’annonce bien. C’est un fameux changement depuis ma meule de foin ! Aussi, pendant que vous dormiez, j’ai fait quelque chose qui ne m’arrive pas souvent.

— Et quoi donc ?

— J’ai récité ma prière, répondit-il. À propos, et nos gens, comme vous dites, où sont-ils ? ajouta-t-il.

— Dieu le sait ! ce qu’il y a de sûr c’est qu’il nous faut courir la chance de les rencontrer.

— Allons, debout, David, encore une fois, tentons la fortune ! c’est une bonne promenade que nous avons devant nous. »

Nous nous dirigeâmes vers l’Est par le bord de la mer où les marais salants fument à l’embouchure de l’Esk. Le temps était vraiment magnifique, le soleil dorait le Siège d’Arthur[1] et les vertes Pentlands ; la beauté du paysage sembla assombrir l’humeur d’Alan.

« Je me trouve nigaud de quitter l’Écosse par une belle journée comme celle-ci, dit-il, j’aurais envie de rester, quitte à être pendu !

— Vous plaisantez, Alan.

— Ce n’est pas que la France soit un vilain pays, s’écria-t-il, mais ce n’est pas la même chose. C’est peut-être plus beau, mais ce n’est pas l’Écosse ! Je l’aime bien quand j’y suis, mais il me manque les dévots Écossais et la fumée de charbon.

— S’il ne vous manque pas autre chose, Alan, ce n’est pas une affaire !

  1. Nom d’une montagne aux environs d’Édimbourg.