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réflexions me frappèrent comme d’un coup de massue. Mes pieds s’arrêtèrent d’eux-mêmes et mon cœur cessa de battre.

Quelle folle partie suis-je en train de jouer ? pensai-je, et je tournai sur mes talons avec l’idée d’aller me cacher n’importe où !

Je me trouvais alors en face du village de Silvermills ; le sentier passait tout auprès en faisant un crochet, mais je le dominais d’un bout à l’autre, et, Highlander ou Lowlander, personne n’était en vue. C’était là une chance dont Stewart m’avait recommandé de profiter ; je me mis à courir le long du ruisseau jusqu’au delà du bois, du côté est, puis, le traversant par le milieu, je retournai à la lisière ouest d’où je pouvais avoir l’œil sur le sentier sans risquer d’être aperçu ; il était toujours désert et l’espoir me revint.

Pendant plus d’une heure, je demeurai caché sur la lisière du bois et ni lièvre ni aigle n’aurait pu surveiller les environs mieux que moi ! Le soleil était couché, mais le ciel était encore lumineux ; bientôt, l’obscurité augmenta, les distances et les formes des objets commencèrent à se confondre et le guet devint difficile. Tout ce temps, je n’avais pas entendu le moindre bruit de pas venant de l’est de Silvermills, et les rares individus qui étaient passés dans la direction ouest étaient d’honnêtes paysans revenant des champs avec leurs femmes. En admettant que je fusse traqué par les plus fins limiers d’Europe, il leur était impossible de deviner où je me trouvais. Alors, m’enfonçant un peu plus dans le bois je m’étendis pour attendre Alan.

J’avais pris de grandes précautions, j’avais observé non seulement le chemin, mais tous les buissons et les champs des environs ; cela n’était plus possible maintenant, car la nuit était tout à fait tombée. La lune luisait à peine dans le bois ; partout, régnait le silence