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En me souvenant de la politesse d’Alan dans les mêmes circonstances, j’étais près de rire tout haut de dépit. Voyant mes soupçons et à un tel moment, elle aurait dû parler anglais.

Ils discutèrent à plusieurs reprises, et je pus voir que, malgré son obséquiosité, Neil était en colère.

Enfin, elle se retourna vers moi.

« Il jure qu’il n’y a pas de complot, dit-elle enfin.

— Catriona, répondis-je, croyez-vous à la parole de cet homme ? »

Elle fit un geste de désespoir, se tordant les mains.

« Comment puis-je savoir ? s’écria-t-elle.

— Mais moi, je dois savoir ! je ne peux continuer à errer dans la nuit avec la responsabilité de la vie de deux hommes. Catriona, essayez de vous mettre à ma place comme j’essaie de me mettre à la vôtre, j’en prends Dieu à témoin ! Voilà des paroles qui n’auraient jamais dû être échangées entre nous, j’en ai le cœur navré ! Voyons, retenez cet homme ici jusqu’à deux heures du matin et je me charge du reste ; nous allons l’éprouver de cette façon. »

Elle se remit à lui parler en gaélique.

« Il assure qu’il a une commission à faire pour mon père », dit-elle.

Elle était plus pâle que jamais et sa voix tremblait malgré elle.

« Tout est clair alors, m’écriai-je, et que Dieu pardonne aux méchants ! »

Elle ne répondit rien et continua à me regarder avec la même figure blême.

« Voilà une belle affaire, repris-je ; suis-je donc destiné à tomber dans ce piège et les deux autres avec moi ?

— Oh ! que dois-je faire ? s’écria-t-elle, puis-je aller contre les ordres de mon père, lui qui est en prison et en péril de la vie ?