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dans le fond. Les rayons du soleil couchant frappaient parmi les grandes ombres ; et comme la vallée tournait souvent, c’était comme un nouveau spectacle et un nouveau monde à chaque détour. Le souvenir de Catriona et l’espoir de retrouver Alan me donnaient des ailes ; le paysage, d’ailleurs, l’heure si poétique du soir, le murmure de l’eau, tout me semblait délicieux ; je ralentis à dessein le pas pour avoir le temps de promener mes regards sur tout ce qui m’entourait. La Providence le permit sans doute ainsi, car tout à coup, j’aperçus un peu en arrière de moi une tête rouge parmi les buissons.

La colère me saisit et je revins sur mes pas aussitôt.

Le buisson touchait le chemin, de sorte que je me préparai à une attaque. Rien de pareil n’arriva, personne ne parut et cela me fit craindre pis encore. Il faisait jour, mais l’endroit était extrêmement solitaire ; puisque mes ennemis laissaient passer cette belle occasion de s’emparer de moi, il était clair qu’ils cherchaient un autre gibier que David Balfour. Les vies de James et d’Alan me semblèrent à ce moment peser lourdement sur moi.

Je continuai ma marche et trouvai Catriona encore seule dans le jardin.

« Catriona, dis-je, vous me voyez de retour.

— Et avec un autre visage, fit-elle étonnée.

— Je réponds de la vie de deux hommes en plus de la mienne. Ce serait un péché et une honte de ne pas agir avec prudence. J’avais hésité à venir ici ; il ne faudrait pas que ma visite devînt funeste à mes amis.

— Je sais quelqu’un qui en serait plus désolé que vous, s’écria-t-elle, et qui n’aime guère vous entendre parler ainsi. Qu’ai-je fait pour vous en donner le droit ?

— Oh ! vous, rien ; mais vous n’êtes pas seule, répliquai-je, je viens d’être suivi et je peux vous dire le nom