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duel et la scène qui avait eu lieu chez Prestongrange au retour du Park. Je ne lui dis rien de ma première conversation avec l’avocat général, à cause de ma promesse.

Tout le temps que dura mon récit, Stewart m’écouta en branlant la tête comme un automate. À peine eus-je terminé, qu’il me donna son opinion d’un mot qu’il accentua.

« Dis-pa-rais-sez, dit-il.

— Je ne puis prendre ce conseil au sérieux, répondis-je.

— Je vous y forcerai bien ! D’après ce que je vois, vous disparaîtrez d’une façon ou de l’autre. Et cela en dehors du procès. L’avocat général, qui n’est pas sans un reste de conscience, a réussi à sauver votre tête. Il a refusé de vous inculper dans l’affaire et aussi de vous faire assassiner, voilà l’explication de leur querelle, car Simon et le duc n’ont pas plus de parole pour leurs amis que pour leurs ennemis. Vous ne serez donc ni accusé ni tué, mais je me trompe fort, ou vous serez enlevé et emmené au loin comme lady Grange. Je suis prêt à le parier ! Voilà leur expédient.

— Vous m’y faites penser ! m’écriai-je, et je lui racontai le coup de sifflet et l’apparition de la tête rouge de Neil.

— En quelque lieu que soit James More, rappelez-vous qu’il a toujours près de lui un fripon. Son père n’était pas si mauvais que lui, quoique souvent en contravention, et pas assez ami de ma famille pour que je perde mon temps à le défendre. Mais quant à James, c’est un animal et un goujat. Je n’aime pas plus que vous l’apparition de cette tête rouge, c’est un danger ; fi ! cela sent mauvais ! C’était le père Lovat qui s’était chargé de l’affaire de lady Grange ; si c’est le fils qui s’occupe de la vôtre, cela ne sortira pas de la famille. Pourquoi James More est-il en prison ? Le même délit : enlèvement. Ses hommes doivent avoir la pratique de la chose ; il les prêtera à