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refuser accès auprès de mon client, mais il se borne à recommander à l’officier de service de me laisser entrer. Recommander ! Le Grand Juge d’Écosse « recommande » ! Ne voit-on pas le but de ce langage ? Ils espèrent que l’officier sera assez bête (ou assez avisé) pour me refuser l’entrée de la prison ; j’aurai donc à revenir du Fort William ici, puis il s’écoulera un certain temps avant que je puisse obtenir une permission plus explicite et qu’on ait désavoué l’officier, « un militaire ignorant de la loi, etc. ». Je connais la chanson. Alors, le temps de retourner au Fort William et nous voilà à la veille du procès sans que j’aie pu avoir mes premiers renseignements. N’ai-je pas raison d’appeler cela un complot ?

— Cela en a tout l’air, répondis-je.

— Je vais vous le prouver mieux encore ; ils ont le droit de retenir James en prison, mais ils ne peuvent pas m’empêcher de le voir. Ils n’ont pas le droit d’enfermer les témoins, mais je devrais au moins avoir toute liberté de communiquer avec eux. Or, lisez : « Quant au reste, il refuse de donner aucun ordre aux gardiens de la prison qui n’ont en aucune manière manqué à leur devoir. » Bon sang ! Et l’Acte de 1700 ! Monsieur Balfour, cela me fait bondir !

— En bon anglais, ce papier signifie que les témoins vont rester en prison et que vous ne les verrez pas ?

— Justement ! que je ne les verrai pas jusqu’aux Assises ! s’écria-t-il, et là, j’entendrai Prestongrange parler « des responsabilités si terribles de ses fonctions et des grandes facilités accordées à la défense ». Mais c’est là que je l’attends, monsieur David ; j’ai un plan pour lui tendre un piège avec l’histoire des témoins sur le bord de la route. Nous verrons si je ne puis obtenir un semblant de justice à propos d’un militaire ignorant de la loi qui commandera le piquet de service.