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une fois le 25 de ce mois, le jour que vous êtes venu me voir ; une fois et c’est tout, et où ? Pas ailleurs qu’à la Croix d’Inverary, le chef-lieu des Campbell, c’est-à-dire au dernier endroit où on ait chance de le trouver. Un mot à votre oreille, monsieur Balfour : ils ne cherchent pas Alan.

— Comment ! ils ne le cherchent pas ?

— Ils ne tiennent pas à le trouver, en tout cas ! Ils ont peur qu’il ne fasse une belle défense sur laquelle l’innocence de James serait établie ; or, ils veulent la tête de James. Ce n’est pas un procès, comme vous voyez, c’est un complot.

— Cependant, Prestongrange m’a bien interrogé sur Alan, quoique, maintenant que j’y pense, il ait été assez facilement satisfait.

— Voyez-vous ! dit-il, mais ce n’est pas tout ; laissez-moi revenir au fait : on m’a rapporté que James et les témoins, les témoins, monsieur Balfour ! étaient au secret et enchaînés dans la prison du Fort William ; nul n’est admis auprès d’eux et ils ne peuvent écrire. Les témoins ! monsieur Balfour ! Avez-vous jamais vu chose pareille ? Je vous assure que le plus roué des Stewart vieilli dans la basoche n’a jamais violé la Loi avec plus d’impudence ! C’est écrit en toutes lettres dans l’Acte du Parlement de 1700 relatif aux arrestations illégales. Dès que je fus informé de cette chose inconcevable, j’envoyai une pétition au greffier du Grand Juge. J’ai eu sa réponse aujourd’hui ; la voici, voici la Justice ! »

Il me tendit un papier, le même honteux document qui fut depuis inséré dans une brochure « écrite par un témoin » et vendue au profit (ainsi qu’on le lisait sur la première page) de la pauvre veuve de James et de ses cinq enfants.

« Vous voyez, continua Stewart, il ne pouvait me