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L.

LA FOURMI ET LA CHRYSALIDE.


   En été la fourmi n’est jamais paresseuse,
   On la voit affairée et trottant, et courant
             Matin et soir en butinant.
   Elle prévoit de loin la saison rigoureuse
   Et pour vivre l’hiver amasse brin à brin
             De quoi remplir son magasin.
   C’est dommage vraiment que la fourmi soit fière :
   Et pèche quelque fois par la présomption.
   Je n’ose l’affirmer, je répète un dit-on,
   Voici le fait tout nu : dans une excursion,
   Quelqu’une, un beau matin, de la gent fourmilière
             Vit en sa coque, prisonnière,
   Une chenille prête à sortir papillon.
     — « Bonne chasse, ma toute belle !
         Lui dit le ver en saluant.
— « Rebut du monde entier ! lui répond la cruelle
         « Sans retourner le compliment,
 « Que ton sort est abject et partant misérable !
             « Encore si tu pouvais marcher…
             « Mais bien loin d’en être capable
             « Tu ne saurais te remuer
   « Dans ce triste linceuil que tu devrais maudire !…
   « On te croirait un mort couché dans son tombeau !…
             « Regarde-moi, mon pauvre sire,
             « Je suis vive comme l’oiseau,