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II.

L’ÂNE ET LE RENARD EN SOCIÉTÉ AVEC LE LION.


Sire lion, un jour voulant se délasser,
S’avisa de s’associer
Un animal connu par ses longues oreilles
Et le fourbe renard. Sociétés pareilles
Certes se voient très rarement ;
Mais n’importe, admettons la chose
Et racontons l’événement
Sur lequel ma fable repose.
Un daim par ce lion bientôt fut abattu.
— « Voyons dit-il à l’âne, en souriant sous cape,
« Partage-nous, mon cher, ce cadavre étendu.
« Le gazon verdoyant nous servira de nappe.
« Soyons leste, je meurs de faim. »
— Maître baudet flatté de cette préférence
Débite de son mieux la carcasse du daim
Et la partage avec autant de conscience
Qu’un passé-maître purgandin,
Fabriquant avec art ses pilules affreuses,
Y mêle chichement des poudres vénéneuses
Que d’un ton doctoral il donne au patient
Pour prolonger son existence
Ou… le tuer plus savamment
Et promptement.