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XL.

LES VOLEURS ET LE COQ.


Dans un certain logis, en l’absence du maître,
Des voleurs une nuit firent irruption.
Mercure les servait ; et nos coquins peut-être
Jamais n’avaient rêvé si belle occasion.
 Cependant, ô déception !
 Après mainte fouille inutile
Ils ne purent trouver qu’un pauvre coq débile
Qu’ils prirent à défaut de plus riche butin :
 « Ça ! mes bons messieurs, je vous prie,
 « Leur dit le captif en chemin,
« Vous n’allez pas, j’espère, attenter à la vie
« D’un animal utile à tout le genre humain.
 « De mourir je n’ai nulle envie.
« Je suis, vous le savez, ce chantre qui la nuit
 « D’une voix perçante et sonore
« Annonce avec éclat le lever de l’aurore.
« Grâce à moi, de Phébus aucun rayon ne luit
« Que déjà les mortels abandonnent leur somme…  »
 — « Ah ! tu te crois utile à l’homme
 « Et tu prétends, chanteur naïf,
 « Nous attendrir par ton mérite ?…
 « C’est justement pour ce motif
« Qu’on te fera bientôt chanter dans la marmite.
« Tu mourras, maudit coq ! cause de nos malheurs,
« En lui tordant le col répondent les voleurs.