Page:Stevens - Fables, 1857.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXXIX.

LA ROSE ET LE PAPILLON.


Un papillon coquet vit une fraîche rose
Hier bouton encor, mais ce matin éclose ;
Il l’aima. — « Douce fleur ! lui dit-il à genoux,
« Ô reine des jardins que tu me parais belle !
« Je t’aime, je t’adore ; aime-moi, jurons-nous
 « Dès ce moment une flamme éternelle.
 « Je ne veux vivre que pour toi ?… »
 — « Et moi
« Lui répondit la rose en soupirant de même
« Gracieux papillon ! je t’aime, oh oui, je t’aime !
« Et pour toi, pour toi seul sera tout mon amour… »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mais le bonheur fatigue. Un matin le volage
Délaisse son amante et va faire le page
Gaîment de fleur en fleur jusqu’au déclin du jour.
— « Ingrat ! lui dit la rose, est-ce là cette flamme
« Que tu m’avais jurée, est-ce là ce volcan
« D’amour impétueux et toujours renaissant
 « Qui devait brûler dans ton âme ?…
« Eh quoi ? perfide amant ! sans penser à mes pleurs,
 « Sans songer à ma peine,
« Tu ne m’as pas plus tôt fait sentir ton haleine
« Que tu voles déjà courtiser d’autres fleurs ?…
« Infâme !… je te hais… va-t-en ! — « Rose coquette,