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« Dit Mouflard sur les dents, et reprenons haleine.
« Nous venons de fournir une traite, parbleu !
« Qui vaut assurément la peine
« D’être transmise à la postérité,
« Comme exemple éternel de ce que peut la haine
« D’une servitude inhumaine
« Inspirer de célérité
« À de pauvres reclus voulant leur liberté. »
Notre héros parlait encore
Quand tout-à-coup un hurlement sonore
Arrête son discours et le glace de peur.
Le coq, presque mort de frayeur,
Se blottit dans un arbre, et le malheureux chien
Reste au pied, maudissant la Fortune cruelle.
Un loup survient, puis deux, puis trois, et la séquelle
Malgré ses cris plaintifs l’étrangle bel et bien.
Maître coq écoutant ces hurlements funèbres
Que rendaient plus affreux les épaisses ténèbres,
Appelait de ses vœux la lumière du jour :
« Malheureux que je suis !… en répandant des larmes
« Se disait-il, pourquoi devais-je fuir les charmes
« De cette chère basse-cour
« Où je régnais tout seul ?… Ah ! si je puis encore
« Retourner à cet heureux toit,
« Je jure par les Dieux que maintenant j’implore
« D’y rester toujours clos et coi !… »
Ainsi pensait ce pauvre roi
Dont la voix stridente et sonore
Annonce chaque nuit le lever de l’aurore.
On rapporte pourtant qu’en cette occasion