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Simonide lui seul ne se charge de rien,
— « Que ne t’efforces-tu de sauver du naufrage
« Quelque chose au moins de ton bien ? »
Lui dit un passager le voyant immobile.
— « Cher ami, répond-il, je fais peu cas de l’or,
« Dans ce moment surtout, je le crois inutile ;
« Je porte en moi mon vrai trésor. »
Cependant, au plus vite, on se jette à la nage.
Plus d’un périt. Le reste des nageurs,
Mais en bien petit nombre, aborde sur la plage ;
Lorsqu’une bande de voleurs
Venant compléter leur détresse,
Arrache à chacun ses écus
Et sur le rivage les laisse
Nus.
Que faire ? Où diriger une course incertaine ?…
Où se montrer ainsi ? Nos pauvres naufragés
Sont tous au plus découragés.
Par bonheur, ils étaient proches de Clazomène.
Ils y vont. Un riche savant
Que du grand Simonide admirait les poèmes,
Chez lui le reçoit à l’instant.
Le poète se voit comblé de soins extrêmes,
Et de nu qu’il était, il a linge, or, logis,
Les autres compagnons du sage,
Échappés au naufrage
Mendièrent partout du pain et des habits !