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XXI.

LE PÊCHEUR ET LE GOUGEON.


Un vieux pêcheur dans son filet
Avait pris un gougeon. — « Oh ! laissez-moi la vie,
« Bon, excellent ami, dit-il, je vous en prie
« Voyez si je suis maigrelet.
« Tout mon corps fait à peine une mince bouchée,
« Attendez l’an prochain, alors j’aurai grandi,
« Par pitié, lâchez-moi !… » — « Tout beau ! mon étourdi,
« Mon âme à tes discours ne se sent pas touchée,
« Car si je te lâchais tu m’irais de ce pas
« Informer la famille
« De mes filets, de mes appâts…
« Je ne suis pas si sot !… pour arriver à mille
« On commence par un, et je sais qu’un oiseau
« Que l’oiseleur retient prisonnier dans ses mailles
« À bien plus de valeur que dix dans les broussailles. »

Un gougeon dans la main vaut un brochet dans l’eau.