Tout alla pour le mieux dans le commencement.
À les voir on eût dit les compagnons d’Énée
Poussés par l’aveugle Destin,
Fuyant traîtreusement Didon l’infortunée
Pour fonder l’empire latin.
Mais hélas ! tout à coup l’aquilon se déchaîne,
Siffle, souffle en fureur sur les flots endormis,
Et remuant l’humide plaine
Agite en même temps nos singes étourdis ;
Le vent redouble en violence,
La mer est folle de terreur
Et les flots mugissants se heurtant en fureur
Sèment le désordre et la peur
Parmi ces nautonniers tantôt pleins d’espérance
Et maintenant morts de frayeur.
Ils vont périr, de salut point de chance !
Bientôt le malheureux esquif
Allant rouler contre un récif
Se brise ;
Et voilà nos guenons, pilote et matelots
Ensevelis au fond des flots.
Avant de faire une entreprise
L’on doit peser sa force et son habileté.
C’est le comble de la sottise
De viser à plus haut que sa capacité.
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