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XVI.

LE LOUP ET LE CHIEN.


Un loup plein d’appétit, — les loups ont toujours faim, —
Une fois rencontra des moutons en chemin.
Il en aurait croqué volontiers trois ou quatre
Mais Mouflard et son maître armé d’un lourd gourdin
Étaient assez forts pour le battre :
— « Que veux-tu ? lui dit le mâtin,
« Roules-tu par hasard quelque mauvais dessein ?… »
— « Pardonnez, cher ami, je me sentais malade
« Et je fais une promenade
« Pour me remettre un peu ; quant aux méchants projets
« Que vous me supposez, n’en soyez pas en peine ;
Les gens me disent très mauvais
« Mais je suis loin de l’être autant que je parais.
« Tenez le pour chose certaine :
« Veuillez en accepter ma parole d’honneur… »
— « De vous !… lui répondit le chien d’un air moqueur,
« De vous !… autant vaudrait la prendre d’un voleur !… »
— « Holà ! monsieur le chien, à mon nom pas de tache,
« Laissez-là ce ton persiffleur ;
« Me prenez-vous pour un bravache ?…
« Mes sentiments d’honneur sont aussi raffinés
« Que mes exploits sont renommés… »
Notre tartufe allait prolonger sa matière
Quand un petit agneau s’écartant de sa mère
Resta bêlant bien loin derrière le troupeau.