Page:Stevens - Fables, 1857.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XV.

LE MULET ET LE SINGE.


Un mulet, tout pétri d’orgueil et de jactance
Et de plus têtu comme l’est
Un mulet,
En tous lieux, le ton haut, parlait de sa naissance ;
À peine daignait-il regarder le cheval :
« Mes illustres aïeux datent de Palestine,
« Disait-il. On les vit effacer par leur mine
« Quiconque osa se montrer leur rival.
« Je puis m’enorgueillir d’avoir en ma famille
« Gens d’épée et de robe et des plus honorés,
« Et s’il fallait parler de mes cousins lettrés
« J’en compterais plus de dix mille !… »
Comme il disait ces mots, un âne vieux, pelé,
Qui de notre mulet était l’illustre père,
Piteusement se mit à braire.
Le fils en parut désolé.
— « Holà ! Ho ! triple sot, voilà qui vous condamne,
« Lui crie un singe en le sifflant,
« Si votre mère était jument
« Votre père n’est qu’un vieil âne !…

En pays étranger j’ai rencontré souvent
Plus d’un pied plat osant se dire
Descendu de tel ou tel sire,
Et dont le père était un malheureux croquant.