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Qui pourrait les tirer du terrible embarras.
« Cher carpillon, je connais plus d’un leurre,
« En souriant répondit le héron.
« Le mieux à faire en cette occasion,
« Sans contredit, c’est changer de demeure.
« J’ai voyagé beaucoup dans ce pays
« Et je sais un endroit tranquille
« Où vous trouverez un asile
« Sans que jamais vous risquiez d’être pris.
« Allez-y, croyez-moi, décampez au plus vite. »
— « Décamper,… mais comment ?… De grâce, expliquez-vous ?… »
— « La chose est bien facile. Écoutez : que de suite
« Poissons petits et grands abandonnent leurs trous.
« Avec mon bec, sur la surface,
« Je les saisirai tour à tour
« Pour les mener à l’autre place.
« N’est-ce pas clair comme le jour ?…
Les poissons, bonne gent, de louer sa finesse ;
Ce fut alors à qui passerait le premier.
Le brave et bon héron riant de leur simplesse,
Un à un les porta gaîment dans son vivier,
Et vécut assez vieux pour croquer le dernier.

Peuple ! si tu scrutais les avis qu’on te donne
Tu pourrais voir le plus souvent
La ruse et l’intérêt briller au premier rang :
Car en faux conseillers notre monde foisonne !…