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IX.

LE LOUP ET L’ÂNE.


Un loup rôdait près d’une étable,
Quand il entendit tout à coup
Le brave Aliboron lui crier par un trou :
« Brigand !… traître assassin ! tueur impitoyable
« De faibles agnelets, de timides brebis,
« Je te crache au visage !… approche, qu’on te brise
« Ta tête scélérate et tes membres maudits…
« Fais un pas, un seul pas, et je te pulvérise… »
— « Tais-toi, répond le loup, glorieux fanfaron,
« Viens au large, on verra ce que vaut ta prouesse ?…
« Mais tu n’oses sortir, misérable poltron,
« Je t’apprendrais la politesse. »

Lorsqu’un homme peureux est loin de tout danger,
Il fait sonner bien haut sa force et son courage.
L’ennemi vient… le ton commence à lui changer,
Et bientôt on le voit filer comme un nuage.