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IV.

LA RÉPUBLIQUE DES CHIENS.


Un soir, extra muros, tous les chiens s’assemblèrent,
— Messieurs les chiens parfois s’assemblent comme nous —
« Hélas ! dit un barbet, combien nous sommes fous,
« Et que de chiens sensés avant moi déplorèrent
« Notre esprit d’égoïsme et de cupidité !
« Souvent, que trop souvent, pour simples bagatelles,
« Que dis-je !… pour un os gâté,
« L’on a vu parmi nous s’élever des querelles
« Et couler bien du sang. Changeons de vie, amis,
« Jurons de ne former plus qu’une république.
« Voulons-nous être forts ?… — Eh bien ! Soyons unis… »
— « Votre discours est sans réplique,
« C’est bien, très bien parlé, repartit un mâtin
« Président du conseil, et comme vous, j’opine
« Que les dissentions engendrent la ruine.
« Ainsi qu’on se donne la main. »
Voilà donc tous nos chiens se jurant alliance,
S’embrassant tour à tour les larmes dans les yeux
Et s’écriant entre eux :
Hourrah pour l’union ! gare à qui nous offense !…
Il était beau vraiment de voir pareil entrain.
Mais hélas ! qui l’eût dit, tous ces projets sublimes
Ne devaient pas avoir de lendemain,
Trois ou quatre chiens même en furent les victimes.