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III.

LE CHAT, LE RENARD ET LE SINGE.


Docteur Renard et son ami Raton
Pour voyager allaient de compagnie.
Ces deux personnages, dit-on,
Avaient fait leur philosophie.
Aussi, tout le long du chemin,
Parlaient-ils sans jamais se taire :
« Voyons, que pensez-vous, compère,
« Dit le renard au chat, du ton le plus bénin,
« De la grande vertu qu’on nomme tempérance ?…
« Pour moi, je suis d’avis qu’elle élève nos cœurs,
« Et puisqu’elle bannit l’orgie et la licence,
« Elle prévient d’innombrables malheurs…
« Tenez, si maintenant nous voyons dans nos places
« Bien moins souvent
« Couler le sang,
« C’est à cette vertu qu’il faut en rendre grâces.
« Est-ce vrai, cher Mitis, ai-je tort ou raison ?… »
— « Mon excellent ami, vous plaidez bien la cause,
« En souriant à part, reprit maître Raton.
« En effet, lorsqu’à jeun on discute la chose,
« On comprendra que toutes les vertus
« N’auraient que faire chez nous autres,
« Si nous n’avions la tempérance en sus
« Qui seule fait de bons apôtres… »