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« À ses nombreux affronts et souvent à la mort ?… »
Notre lézard parlait encor
Lorsqu’un cerf aux abois, — saignant de ses blessures
Et couvert de morsures, —
Vint à passer près d’eux, haletant, pantelant,
Poursuivi par les chiens et la troupe bruyante
Des chasseurs essoufflés l’un l’autre s’excitant
À frapper le premier leur victime innocente.
— « Eh bien ! mon pauvre ami, répond l’autre lézard,
« Souhaitez-vous encor de posséder des ailes
« Ou d’être un cerf léger Croiriez-vous, par hazard,
« Que ce pauvre fuyard
« Dont les chiens vont manger les dépouilles mortelles
« Ne voudrait comme nous se traîner sur les pieds
« Plutôt que d’être ainsi l’orgueil de nos forêts.
« Écoutez… l’hallali résonne,
« Voilà son chant de mort qui sonne,
« Il n’est plus !… croyez-moi, pauvre ami, pensez mieux.
« Soyez content du sort et laissez là vos plaintes.
« Nul état n’est exempt de dangers ni de craintes.
« N’enviez pas autrui, vous vivrez plus heureux.
« À quoi sert après tout l’envie ?…
« On n’en est pas plus riche ; on souffle, on dépérit…
« Enfin pour en finir, retenez bien ceci :
« Un cerf mort ne vaut pas un lézard plein de vie… »