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« Le temps est mal choisi pour une telle envie,
« L’air du soir est toujours malsain.
« Ami, sortez de là… gare la maladie !… »
— « Radotez-vous, mon vieux, lui répond le renard
« Croyant sortir du puits à l’aide du paillard,
« Ou vos yeux seraient-ils fermés à la lumière ?…
« Ne voyez-vous donc pas, trop aveugle vieillard,
« Que je fais ici bonne chère ?
« Je goûte d’un fromage exquis et des plus frais…
« Si vous voulez venir vous assoir à ma table
« Et manger comme moi de ce mets délectable,
« Descendez dans ce sceau que je laissais exprès
« Pour recevoir un mien confrère,
« Qui, j’en suis presque sûr, serait déjà venu
« Si quelque interminable affaire
« En cour ne l’avait retenu.
« Voyons, vous hésitez ?… » — « Oui, j’hésite et pour cause,
« Votre fromage exquis n’annonce pas grand chose
« De bon, je vois bien où vous en voulez venir.
« Maintenant que votre sottise,
« Ou plutôt votre gourmandise
« Vous retient dans ce puits sans en pouvoir sortir,
« Vous spéculez sur ma bêtise
« Et me prenez pour un niais
« En dépit de ma barbe grise.
« Depuis longtemps je vous connais
« Pour un maître fourbe, et je sais
« Jusqu’où peuvent aller vos maudits artifices.
« Adieu ! l’on attend mon retour.
« Dans votre esprit plein de malices