Page:Stevens - Fables, 1857.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LIV.

LE RUSTRE, LE BOUFFON ET LE PEUPLE ROMAIN.


Du temps des empereurs romains,
En tous lieux pullulaient à Rome
Histrions, bateleurs, mimes et baladins
Pour amuser un peuple à l’état de fantôme.
Les Brutus, les Césars dormaient dans leurs tombeaux ;
Et leurs fils, descendants indignes de tels pères,
Abrutis sous le joug de princes sanguinaires,
Ne demandaient que des tréteaux
Et du pain. Certain soir, un bouffon très habile,
Les ayant égayés par ses pointes d’esprit,
En plein théâtre prétendit
Qu’il lui serait chose facile
De leur montrer le lendemain
Un tour fameux, superbe, inouï, surhumain.
La nouvelle bientôt s’écoule
En allant crescendo. Rome entière ira voir
Le cirque. Il s’ouvre, on crie, on se presse, on se foule ;
Mais les mille gradins ne peuvent recevoir
Tout le public. Bientôt apparaît sur la scène
Le baladin.
Chacun alors se tait et retient son haleine…
Après quelques lazzis cet histrion enfin
Contrefait à ravir les cris du marcassin ;
Et pour montrer à tout le monde