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LES TROIS DIABLES.

— Eh bien ! continua St. Pierre, ce mendiant c’était moi, et puisque tu n’as pas eu le bon esprit de souhaiter le paradis, va te promener en enfer.

— Comme il vous plaira, dit le cordonnier en tirant sa révérence.

Arrivé à la porte de l’enfer, Richard cogna.

— Qui est là ?……

— C’est Richard.

— Richard le cordonnier !…… exclamèrent les diables qui faisaient chauffer sa femme à blanc.

— Oui,…… Richard le cordonnier……

— As-tu ton banc ? demanda le premier diable.

— As-tu ton violon ?…… As-tu ton sac ?…… demandèrent les deux autres.

— Oui, j’ai mon sac, mon violon et mon banc répondit Richard d’une grosse voix.

— Va-t-en alors, maudit ! va-t-en !…… hurlèrent les trois diables, et Richard reprit la route du paradis.

Mais St  Pierre qui voulait apparemment éprouver le cordonnier ne le reçut pas davantage, et Richard s’en retourna cogner à la porte de l’enfer.

— Qui cogne-la ! demandèrent les diables.

— C’est Richard.

— On ne te veut pas…… va-t-en !……

— Que vous me vouliez ou que vous ne me vouliez pas, cria Richard, vous allez toujours m’ouvrir la porte. Croyez-vous que j’aie l’envie de passer l’éternité dans le chemin ? Ouvrez !…… vous dis-je, et tout de suite, ou j’enfonce la boutique, et je mets l’un de vous sur mon banc, je fais danser l’autre, et je martelle le troisième dans mon sac jusqu’à la fin des siècles.

Les trois diables qui connaissaient Richard ouvrirent alors le guichet et se mirent à parlementer.

— Que veux-tu pour nous laisser tranquilles ? dirent-ils ensemble au cordonnier.