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LES TROIS DIABLES.

— Je voudrais encore un sac, et tout ce qui entrerait dans ce sac n’en sortirait que par mon bon plaisir.

— Et de trois, dit le mendiant, voici le sac. Maintenant que le bon Dieu vous bénisse, et au revoir, père Richard.

Il n’y a rien au monde dont on semble faire moins de cas que du temps, et cependant rien ne s’écoule plus vite.

Au bout d’un an et un jour, le diable qui n’avait point oublié la femme du cordonnier, s’en vint tout droit chez Richard.

Tiens, pensa le bonhomme en le voyant, voilà un visage nouveau.

— Qui es-tu ?…… demanda-t-il d’un ton un peu brusque au visiteur qui arpentait, sans façon, la chambre de long en large, comme s’il fût devenu tout d’un coup maître de la maison.

— Je suis le diable, répondit celui-ci, sans cesser sa promenade.

— Et que viens-tu faire ?……

— Je viens quérir ta femme.

— Oh ! tu viens quérir ma femme ; prends-là…… tu me rends un fameux service, va !… Elle est couchée pour le moment ; elle n’en peut plus, la malheureuse !…… Depuis un an, elle n’a pas été à jeun une pauvre petite heure,…… mais assieds-toi donc un instant.

Le diable, sans se faire prier, s’assit sur le banc dont j’ai parlé.

Dès qu’il fut assis comme il faut, Richard dit au diable :