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FORTUNÉ BELLEHUMEUR.

une clef joua dans la serrure et essaya, mais en vain, de l’ouvrir, pendant quelques instants.

— Dépêchez-vous donc, M. Plumitif, disait madame Plumitif, ouvrez donc… vous me faites geler

Mais M. Plumitif avait beau s’efforcer d’ouvrir la porte, la porte ne s’ouvrait pas…

M. Plumitif père allait donner la clef à son épouse, quand une voix forte et menaçante, partant du fond même de la chambre, prononça ces mots :

— Par tous les cent diables d’enfer ! y aurait-il des Bostonnais dans l’établissement ?

— Tiens ! mais c’est bien l’homme au grand nez qui est dans notre chambre, exclama madame Plumitif la mère, vous n’avez qu’à voir !… C’est bien drôle tout de même… Il parle des Bostonnais… Pour qui nous prend-il ?

— Soyez tranquille, madame Plumitif, dit M. Sagamité, vous allez voir que je le ferai bien sortir.

Et M. Sagamité se mit à crier, par le trou de la serrure, de toute la force de ses poumons :

— M. Bellehumeur !… M. Bellehumeur !… dormez vous ?… réveillez-vous !… Vous savez bien que vous n’avez pas de chambre !

Pendant tout ce temps, M. Bellehumeur se déshabillait le plus tranquillement du monde.

— M. Bellehumeur !… M. Bellehumeur !… c’est moi !… Je suis M. Sagamité… Pan ! pan ! Pif !… paf !…

Et M. Sagamité, en désespoir de cause, s’était mis à attaquer la porte à grands coups de talon de botte.

— Mon Dieu ! M. Sagamité… vous allez réveiller tout le monde, disait madame Plumitif. Vous savez qu’il est sourd comme trente-six pots, ce terrible homme-là… Tenez, voilà déjà quelqu’un qui vient… C’est Mme  Titiche avec Mlle  Turlurette… Ah ! sainte croix