Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
FORTUNÉ BELLEHUMEUR.

M.  Sagamité, et son oreille n’était pas médiocrement flattée d’entendre s’échapper de l’intérieur, malgré le sifflement de la tempête, les sons joyeux du violon se mariant au bruit du tambourin.

Ah ! ah !… il parait qu’il y a noces et festins céans, nous voilà bien arrivé, pensa M.  Bellehumeur en se hâtant de mettre son cheval dans l’écurie ; entrons, et vive la joie !…

Mais comme la plupart des joies d’ici-bas, hélas ! cette joie que M.  Fortuné se promettait d’avance menaçait d’être courte, s’il faut en juger d’après les premières paroles qu’il échangea avec l’hôtelier :

— Monsieur,… je n’ai pas l’honneur de vous connaître, se mit à dire M.  Sagamité avec le ton d’un homme convaincu de son importance, mais je suis désolé du contre-temps. Nous marions aujourd’hui M.  Romulus Plumitif, le fils unique de M.  César Auguste Plumitif, qui est proche parent du frère à l’oncle de M.  notre curé, avec Mademoiselle Prudence-Perpétue-Félicité Beaubec, et je vous garantis qu’il est impossible que vous vous arrêtiez ici. Ce sont des gens qui font bien les choses ; ils ont retenu toute la maison. Vous voyez bien, monsieur, qu’il m’est impossible de vous recevoir. Ma bonne vérité, je ne crois pas qu’il me reste assez de place pour cabaner un chat de deux mois…

— C’est très-bien, maître Sagamité, fit M.  Fortuné Bellehumeur, en coupant court à l’éloquence de l’hôtelier, vous êtes trop bon, mille fois trop bon, M.  Sagamité ; … vous êtes une vraie providence pour les voyageurs… Mais où donc est la salle à manger ?… Je