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LES TROIS DIABLES

qui travaillât plus rudement et qui fît de meilleur ouvrage que le bonhomme Richard : levé au petit jour et battant la semelle ou tirant ses points jusqu’au coucher du soleil, à peine se donnait-il le temps de prendre ses repas ; malgré cela, il demeurait pauvre, et pauvre comme Job.

Ça vous étonne, n’est-ce pas ? lecteurs ; un peu de patience, s’il vous plaît, ça ne vous étonnera plus tout à l’heure.

Il faut savoir que le bonhomme Richard avait une femme. Il n’y a là rien de bien extraordinaire, allez-vous dire, sans doute. Un cordonnier qui tire sur cinquante, a très certainement le droit d’avoir une femme ; et ceci n’explique pas du tout pourquoi le bonhomme Richard demeure pauvre comme Job.

— Peut-être avait-il sa maison pleine d’enfants et de petits-enfants ?

— Il n’en avait jamais eu.

— Alors, c’est que ses pratiques ne le payaient point ?

— Pas le moins du monde, tous ceux qui se faisaient chausser par le père Richard le payaient comme le roi.