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LA CHASSE GALERIE

Nous n’en étions plus rien qu’à quelques lieues, quand voilà-t-il que cet animal de Baptiste qui se détortille de la corde avec laquelle nous l’avions ficelé, qui s’arrache son bâillon, et qui se lève tout droit dans le canot, en lâchant un sacre qui me fit frémir jusque dans la pointe des cheveux !

Impossible de lutter contre lui dans le canot, sans courir le risque de tomber d’une hauteur de trois cents pieds ; et l’animal gesticulait comme un pendu, en nous menaçant tous de son aviron qu’il avait saisi et qu’il faisait tournoyer sur nos têtes en faisant le moulinet comme un Irlandais avec son shilelagh. La position était terrible, comme vous le comprenez bien. Heureusement que nous arrivions. Mais j’étais tellement excité, que par une fausse manœuvre que je fis pour éviter l’aviron de Baptiste, le canot heurta la tête d’un gros pin, et que nous voilà tous précipités en bas, dégringolant de branche en branche comme des perdrix que l’on tue dans les épinettes.

Je ne sais pas combien je mis de temps à descendre, car je perdis connaissance avant d’arriver ; et mon