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LA CHASSE GALERIE

— Allons au rigodon chez Batissette Augé ! nous dit Baptiste, on est certain d’y rencontrer nos blondes.

— Allons chez Batissette !

Et nous retournâmes au canot, tout en nous mettant naturellement en garde sur le danger qu’il y avait de prononcer certaines paroles, et de boire un coup de trop, car il fallait reprendre la route des chantiers et y arriver avant six heures du matin, sans quoi nous étions flambés comme des carcajous, et le diable nous emportait au fin fond des enfers.

Acabris ! Acabras ! Acabram !… Fais-nous voyager par-dessus les montagnes ! cria de nouveau Baptiste.

Et nous voilà embarqués tous ensemble pour la Petite-Misère, en naviguant en l’air comme des renégats que nous étions tous. En deux tours d’aviron, nous avions traversé le fleuve, et nous étions rendus chez Batissette Augé, dont la maison était tout illuminée. On entendait vaguement, au dehors, les sons du violon et les éclats de rire des danseurs, dont on