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LA CHASSE GALERIE

II


— Je vous disais donc, continua-t-il, que si j’ai été un peu tough dans ma jeunesse, je n’entends plus risée sur les choses de la religion. Je vais à confesse régulièrement tous les ans, et ce que je veux vous raconter là se passait au jour de ma jeunesse, quand je ne craignais ni Dieu ni diable.

C’était un soir comme celui-ci, le veille du jour de l’an, il y a de cela trente-quatre ou trente-cinq ans.

Les camarades et moi, nous prenions un petit coup à la cambuse. Mais si les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petits verres finissent par vider les grosses cruches, et, dans ces temps-là, on buvait plus sec et plus souvent qu’aujourd’hui. Il n’était pas rare de voir finir les fêtes par des coups de poings et des tirages de tignasse.

La jamaïque était bonne — pas meilleure que ce soir — mais elle était bougrement bonne, je vous le persuade !