Page:Stevens - Contes canadiens, 1919.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
LES TROIS DIABLES

« Qui cogne-là ? demandèrent les diables.

— C’est Richard.

— On ne te veut pas… va-t-en !…

— Que vous me vouliez ou que vous ne me vouliez pas, cria Richard, vous allez toujours m’ouvrir la porte. Croyez-vous que j’ai l’envie de passer l’éternité dans le chemin ? Ouvrez !… vous dis-je, et tout de suite, ou j’enfonce la boutique, et je mets l’un de vous sur mon banc, je fais danser l’autre, et je martèle le troisième dans mon sac jusqu’à la fin des siècles. »

Les trois diables, qui connaissaient Richard, ouvrirent alors le guichet et se mirent à parlementer.

« Que veux-tu pour nous laisser tranquilles ? dirent-ils ensemble au cordonnier.

— Je veux l’âme de ma femme, répondit Richard.

— L’âme de ta femme ?… Tu ne l’auras pas ; elle est morte ivrognesse ; toute sa vie elle nous a appartenu et elle nous appartiendra toute l’éternité. Il n’y a pas plus de pardon au ciel qu’en enfer pour les ivrognes. Nous allons te donner en échange cent