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LES TROIS DIABLES

sac dans lequel le diable gigotait de son mieux. Vous allez prendre tous les deux vos marteaux les plus lourds et vous me battrez ce sac jusqu’à ce qu’il soit aussi aplati qu’une feuille de papier. Surtout tapez dur. »

Voilà donc le forgeron et son apprenti qui se mettent en face l’un de l’autre, à battre sur l’enclume, de toutes leurs forces.

Bim ! bam ! boum ! le diable en sautait, et les marteaux faisaient du feu.

Les deux hommes martelèrent de la sorte pendant quinze jours.

Sur la fin du quinzième jour, à la nuit tombante, le diable, qui avait tous les os rompus, dit à Richard :

« Si tu veux me lâcher, je t’abandonne tous mes droits sur ta femme. Si elle est damnée, nous l’aurons toujours ; si elle fait son salut, tant mieux pour elle.

— Ça me va, » répondit Richard en ouvrant le sac, et le diable disparut comme un feu follet.