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LES TROIS DIABLES

« Arrête, Richard ! s’écriait-il de temps à autre, d’une voix étouffée, arrête !… Je suis éreinté… »

Mais Richard jouait de plus belle, et le diable valsait malgré lui.

À la fin, n’en pouvant plus, le diable dit à Richard :

« Si tu veux ne plus jouer, je te laisserai encore ta femme un an et un jour. »

— Cest bien, dit le cordonnier, et il raccrocha son violon, tandis que le diable, hors d’haleine, s’essuyait les babines.



Quand il s’en revint vers ses frères, du plus loin que ceux-ci l’aperçurent, celui qui avait mal aux fesses se mit à crier à toutes ses forces :

« Je gage que tu t’es assis, hein ?

— Pas du tout…

— Mais qu’as-tu fait alors pendant douze jours ? dit l’aîné.

— Ne m’en parlez pas ; voilà douze jours que je danse !… ce Richard-là est un diable d’homme.