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LES TROIS DIABLES

— Tu ne veux pas t’asseoir, tant pis… reste debout comme un cheval. »

En disant ces mots, le père Richard alla décrocher son violon, se l’ajusta délicatement sous le menton et prit son archet de la main droite.

Le diable le regardait faire sans souffler mot, immobile et raide comme un piquet.

Allons, pensait le cordonnier, en examinant son étrange vis-à-vis sous cape, tu ne veux pas t’asseoir, tu ne veux pas marcher… Eh bien ! tu danseras, maudit ! et je te promets que tu sauteras comme tu n’as pas encore sauté de ta vie.

Et Richard hasarda une note sur son violon.

Aussitôt le diable leva la jambe, la pointe de son pied gauche tournée en dedans.

Puis vint une seconde note, et le diable fit un pas en cadence.

Puis le cordonnier attaqua résolument un air animé, et le diable se mit à danser, à tourner, et à voltiger, se livrant à une polka désordonnée, furieuse, — car il