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LES TROIS DIABLES

— C’est bien, dit Richard, lève-toi. Bon voyage et au plaisir de ne plus te revoir. »

Il faut savoir, chers lecteurs, que ce diable qui avait acheté l’âme de la Richard avait deux frères. Ses deux frères et lui faisaient trois : trois frères ou trois diables, comme vous voudrez.

Dès qu’il revint en enfer, tout en boitant, tant il souffrait à l’endroit que vous savez, ses deux frères n’eurent rien de plus pressé que de lui demander ce qu’il avait fait pendant cette longue absence.

« Ce que j’ai fait ?… répondit piteusement le diable, depuis que je suis parti, j’ai demeuré assis sur un banc, » et il se mit à raconter, de point en point, sa pitoyable tournée.

— Ce n’est rien, petit frère, dit alors l’un des deux diables, va te faire soigner. Il ne manque pas de médecins chez nous. La prochaine fois, ce sera moi qui irai chercher la Richard, et foi de bon diable ! je te garantis bien qu’elle ne m’échappera pas. »