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LES TROIS DIABLES

reuse !… Depuis un an, elle n’a pas été à jeun une pauvre petite heure… Mais assieds-toi donc un instant. »

Le diable, sans se faire prier, s’assit sur le banc dont j’ai parlé.

Dès qu’il fut assis comme il faut, Richard dit au diable :

« Tiens… voilà ma femme qui tousse, elle ne tardera pas à se lever, va donc la prendre »…

Mais le diable eut beau faire des efforts inouïs pour se remettre debout, il eut beau se démener et te démènerais-tu, comme s’il eût été au fond d’un bénitier, il demeurait cloué sur le banc.

Richard, en voyant les contorsions et les affreuses grimaces du maudit, riait dans sa barbe, tandis que sa femme tenant la porte de sa chambre entre-bâillée, criait à son mari d’une voix éraillée et pleine de larmes :

« Tiens-le bien, Richard ! tiens-le bien, mon homme ! tiens-le comme il faut… ne le lâche pas, mon cher petit mari ! Je t’assure que je ne boirai plus. »