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LES TROIS DIABLES

gardant fixement le mendiant, comme s’il eût voulu lire jusqu’au fond de son cœur.

— Aussi sûr qu’il y a un Dieu dans le ciel et que vous êtes là sur votre banc, père Richard.

— Eh bien ! reprit le bonhomme d’un ton décidé, puisque vous voulez être si bon pour moi, — quoique je ne vous aie jamais vu ni connu, — je souhaite d’avoir un banc sur lequel tous ceux qui viendront s’asseoir ne pourront se lever que par ma volonté.

— Et d’un, dit le mendiant, voici le banc.

— Je voudrais aussi un violon, et tant que je jouerais sur ce violon, tous ceux qui l’entendraient, danseraient bon gré, mal gré.

— Et de deux, fit le mendiant ; voici le violon, père Richard, avec son archet et des cordes de rechange.

— Je voudrais encore un sac, et tout ce qui entrerait dans ce sac n’en sortirait que par mon bon plaisir.

— Et de trois, dit le mendiant, voici le sac. Maintenant, que le bon Dieu vous bénisse, et au revoir, père Richard. »