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LES TROIS DIABLES

Lecteurs, il y a un proverbe qui dit : « Lorsqu’on parle du diable, il montre les cornes. » Rien n’est plus vrai. À peine la Richard l’eut-elle appelé, que le diable apparut.

« Que me voulez-vous, bonne femme ? lui dit-il de sa voix la plus douce ; pour avoir votre âme, il n’y a rien que je ne fasse.

— Eh bien ! répondit l’ivrognesse entre deux hoquets, si tu veux me donner assez d’argent pour que je puisse boire tous les jours, pendant un an, autant de rhum que je voudrai, je te donnerai mon âme.

— À la bonne heure, voilà qui est bien parler ! reprit le diable en ricanant et en tirant de sa poche une bourse pleine d’or. Tenez, brave femme, prenez et buvez comme il faut, et du meilleur… mais rappelez-vous que dans un an et un jour vous m’appartiendrez ; bonsoir ! »…

Et le diable disparut.



Deux jours après que l’ivrognesse s’était vendue de la sorte, corps et âme, — un pauvre vint à passer de-